La treizième édition du Wolfi Jazz s’est tenue cette année du 22 au 26 juin à Wolfisheim, à quelques kilomètres de Strasbourg (67). Les personnalités se sont enchainées sur la scène du fort Kléber dans une ambiance chaleureuse entre petits et grands réunis par la même passion de la musique.
Jeudi, les femmes à l’honneur en chansons
La première soirée du festival alsacien s’est ouverte dans les alentours de 18 h 30. En tête d’affiche, Dee-Dee Bridgewater, immense chanteuse de jazz américaine, précédée par l’artiste Sarah Lenka. Laquelle est montée sur scène afin de teinter de la soirée de folk et de blues. Accompagnée d’un guitariste, d’une contrebassiste et d’un batteur, la jeune artiste a teinté le moment de folk et de blues, le tout en reprenant des morceaux de femmes, ayant inspiré sa vie ou sa carrière. Quant à Dee-Dee Bridgewater, elle a dévoilé son projet « We love Ella » avec l’orchestre The Amazing Keystone Big Band. Une manière de rendre hommage à « la grande dame du jazz », ou « The First lady of song », Ella Fitzgerald. Le concert a enthousiasmé les spectateurs grâce notamment à la voix puissante de Dee-Dee Bridgewater et de son énergie et sourire contaminants. Empli de musique, le moment était aussi familial grâce aux stands de restauration et buvettes tenus par les nombreux bénévoles du « Wolfi » et ce n’est pas la pluie de fin de soirée qui a fait peur aux festivaliers, qui ont chaussé leurs k-ways et parapluies.
Vendredi, des moustaches dans l’esplanade
Les portes s’ouvrent et les festivaliers remplissent rapidement l’espace. À l’occasion de la deuxième soirée des festivités, la moyenne d’âge est légèrement moins élevée que la veille. Et pour cause, le groupe Deluxe, formé de six jeunes artistes plus qu’énergiques, s’apprêtent à faire danser pendant près d’une heure et demie et les chaises ont d’ailleurs laissé place à une piste libre au mouvement. Les festivaliers s’échauffent d’abord sur la scène des douves grâce à un concert du duo Congé Spatial. À l’intérieur du fort, une petite scène a été mise en place. Sur l’autre scène, le groupe de jazz house Emile Londonien échauffe la foule, venue en nombre, tandis qu’au stand Deluxe (dont le symbole est la moustache), les goodies se vendent comme des petits pains aux fans du groupe. Le saxophoniste, Pépé, ainsi que la chanteuse, Liliboy, y font même un tour afin de dédicacer quelques tee-shirts et tote-bags et prendre des photos avant de monter sur scène. Dès 21h 30, le show commence. Vêtus de costumes dorés et rouges, Deluxe met le feu. Au propre comme au figuré, puisque des étincelles sortent même du saxophone de Pépé dès les quelques premières minutes du concert. Une soirée de folie, qui aura attiré fans de jazz, et fait découvrir le groupe aux autres. Moustache Gracias !
Samedi, une soirée 100% jazzy
Le festival commence tôt par deux concerts gratuits, Hugo Diaz Quartet et Gauthier Toux Trio. Dans le fort Kléber, l’ambiance comme la chaleur est à son zénith. De quoi se préparer pour la suite des évènements. Cette soirée était faite pour les fans de jazz pur et dur. Les frères Belmondo, Stéphane et Lionel en duo saxophone et trompette et leur projet « Deadjazz » ont ouvert le bal. Un hommage dans leur style, accompagnés par leurs fidèles musiciens à la contrebasse, clavier, basse et batterie. Ils ont précédé Avishai Cohen, célèbre jazzman à la reconnue internationale, son pianiste Guy Moskovich et son batteur Roni Kaspi. Ensemble, ils ont interprété les compositions du dernier album du contrebassiste : « Shifting Sands ».
Dimanche Afro-Caraïbe et Salsa
Le 25 juin, à peine arrivée au fort Kléber de Wolfisheim, facile de comprendre que ce soir va être dansant. Sur la scène des concerts gratuits, le duo mexicain-brésilien Cabeças Cavadas a laissé la place au groupe The Bongo Hop qui fait déjà danser dans la foule grâce à ses rythmes afro-caraïbe. Les tenues sont colorées et on rigole dans tous les coins. Même les plus timides essuient un pas de danse. Le ton est donné.
Sur la grande scène, Abraham Mansfarroll interprète son « Campana Project », créé en 2014. Le percussionniste est accompagné par un orchestre, remplissant la scène pour donner un joli mélange de jazz afro-cubain. Plus tard, c’est Yuri Buenaventura, tête d’affiche de la soirée, qui effectue sa performance. Le chanteur de Salsa colombien entame les chansons de son album et fait directement se lever ceux qui n’étaient pas encore debout. Il faut dire que l’artiste donne l’exemple en enchainant de nombreux pas de danse sur la scène du Wolfi Jazz avec ses musiciens et chœurs. En entamant sa reprise de « Ne me quitte pas » de Jacques Brel, il conquit finalement petits et grands. Lui qui décrit la musique « comme un geste d’amour, et une manière de le comprendre » a charmé le public du Wolfi. « Quand on est petits, nous sommes comme une plante en bourgeon », explique-t-il. « Et puis après, il y a tout un processus qui nous pollue quand on grandit et nous mutile. Moi, j’ai commencé à comprendre cela grâce à la musique », continue dans un français pratiquement parfait celui qui a collaboré avec de grands noms comme Ray Charles ou Toto.
Lundi, une belle clôture
En ouverture de soirée, Franck Wolf, alsacien d’origine et saxophoniste, entame des compositions, suivi par son acolyte depuis près de 9 ans, Mieko Myiazaki. La japonaise joue du koto, un instrument à cordes traditionnel de son pays, dont elle joue avec des sortes de grands ongles ajoutés aux doigts. Surprise, ils entament même une musique typique alsacienne, sur laquelle Mieko chante en japonais. Les 4 autres musiciens, contrebassiste, batteur, pianiste et clarinettiste se mêlent avec harmonie en duo, le tout formant un mélange complice. Sur scène, tous se regardent avec un grand sourire et font ressentir leur passion.
Une passion pour la musique que partage Marcus Miller, grande dernière tête d’affiche de ce festival alsacien. L’américain aux 30 ans de carrière et aux nombreux prix, dont 2 Grammy Awards a mis sans aucune difficulté le feu par son univers jazz, funk et soul. Et comment ne pas mentionner les musiciens qui l’accompagnent ! Russel Gunn à la trompette, Donald Hayes au saxophone, Anwar Marshall à la batterie et Xavier Gordon au clavier. Paré de son chapeau, Marcus Miller met chacun en avant, les laissant exprimer leur talent pendant des solos tandis que le bassiste écoute les yeux fermés, concentré. Ces 6 musiciens de talent ont joué ce lundi des compositions mais aussi des reprises de morceaux de Stevie Wonder à Jaco Pastorius pour le plus grand bonheur des spectateurs présents. Qu’on aime le style ou pas, impossible de rester de marbre. De grands cris de joies et applaudissements ont d’ailleurs retenti dans l’esplanade du Wolfi jusqu’à la fin de la soirée.
Si le rendez-vous a été manqué cette année, pas de panique, le Wolfi Jazz revient l’année prochaine, du 19 au 24 juin 2024, pour sa 14ème édition !
Par : Lucie Robert